Le corps dans la main

Anamnèse d’un songe

 

    


 

 

Le subconscient est comme une poignée de riz pas cuit : il absorbe l’humidité fétide de l’air ambiant.

 

D’où surgissent-ils ces rêves, ces hommes, ces femmes, ces théâtres ? Au réveil on aurait presque honte de tant de vraisemblance. Leurs traits bien qu’éteints nous ont laissés la conviction que c’était eux. Le songe est le monde des possibles, comme ces livres d’enfants qui nous amusaient tant parceque nous pouvions choisir les chapitres à venir. C’est du conditionnel électrique. Vos inductances internes grillent, et vous êtes en sueur dans l’immatériel. Parfois vous ouvrez les yeux, un imperceptible papillon de cils, et vous revoilà de nouveau en apnée dans le décor mi- éprouvant mi- intriguant de votre imaginaire. Il subsiste malgré tout une forme d’éveil clairvoyant, qui questionne depuis son fauteuil, le calepin analytique sur ses genoux, en plongée cinématographique au-dessus des studios où les machinistes de subconscient s’en donnent à cœur joie : que fait-il là celui-ci ? pourquoi celle-là ? en suis-je sûr ?

Mais une fois n’est pas coutume, les rôles s’inversent, et c’est le moi quotidien de chair qui se trouve réduit en observateur impuissant d’un moi de craintes, en troisième oeil prisonnier. Il sent le regard du moi de songes à travers des jumelles : il est loin, il perçoit le cadre noir, sait que l’image du milieu est un caléidoscope d’idées, mais il la voit. Et ne sait s’il doit y croire. C’est le monde du Doute.

 


Et puis soudain il meurt, la bulle éclate, et ne reste plus que les particules perfides que le rêve a brassé. Les poussières de réalité que l’on croyait avoir balayé, la crasse incrustée sur les murs que l’on ne voit plus par habitude, mais que la vapeur des songes détache en coulées noires. Et le matin elles sont là sur le sol. Ce n’était qu’un rêve. Mais la distinction est trop mince. La puissance machiavélique de ses propres pensées, leur fonctionnement autonome et hostile, ingrate envers leur Mère Conscience, dérange.

Mais qui cela peut-il bien être, celui qui pense dans mes nuits ?

 

 

 

 



06/02/2012
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