Du Chiendent dans la tête
J'ai du chiendent dans la tête
Plus personne ne se parle
Et les cons se promènent dans les rues.
Et je me fond parmis eux avec mon sourire en blanc et noir.
Personne ne se parle plus
Le chiendent dans ma tête fait des pousses
Me sort par les yeux et par les narines
Et les couples enlacés au tapage silencieux
Et les bottes sur le pavé qui font jaillir les vers
De gros vers annelés jaunes qui sautent comme des carpes.
Bientôt le chiendent pollénise
Et j'aperçois de temps à autre sous un galure flasque
Une tige verte éhontée surgissant d'une oreille.
Tiens, lui aussi a du chiendent dans la tête.
Et de toutes ces considérations végétales je me brouille
Nous mettons des cache-nez
Les compost débordent de floraisons tuées
Nous élaguons les pousses qui se hasardent au monde
Alors que bien au chaud sur le fumier penseur
Le chiendent à l'étroit replie ses racines.
Parfois on peut voir un rhizome vert dans le fond de mes yeux
Là où le blanc est clair, des entrelacs éclosent.
Plus personne ne se parle.
Au printemps le chiendent fait des fleurs
La botanique folâtre tire mes zygomatiques
Mais personne ne parle plus
A l'ombre des frondaisons
Et la plante folle croît
Dans l'espace de mon crâne
Avec ses petits poings qui rêvent d'y faire un trou.
inspiration Boris Vian, que je relis ces temps..