Le corps dans la main

Du spiritisme de l'écriture.

 


Je milite pour l’écriture automatique, l’écriture comme second souffle. Le travail d’écrivain est proche de celui d’un photographe. Il voit le monde à travers ses mots au lieu d’un objectif. Il se ballade, au gré des rues, filant les couples amoureux et cherchant l’ombre mélancolique des platanes au coin des vieilles places. Il saisit, il scrute, il médie. . c’est le même croqueur errant, celui qui vit par procuration, celui qui passe de longues nuits sa cigarette au coin des lèvres, dans son laboratoire aux fenêtres écarlates, à compulser les tirages d’idées récoltées au fil de ses promenades.

Ecrire n’est guère plus qu’un  moyen mnémotechnique de vivre.

L’approximation du verbe, c’est la cadrage choisi pour la scène.

 

La manipulation du langage est un procédé à la limite de l’érotisme. Un chant de syllabes, un terrain miné par ses propres obsessions, par ses propres circonlocutions, ses effrois, ses absurdités. On pose soit même les mines au travers desquelles les suivants devront s’orienter. Et comme dans tout processus sensuel, c’est sa propre lasciveté que l’on cherche à éprouver dans le labyrinthe avec l’autre. Le lecteur et l’amant sont un même pretexte. La création est un plaisir solitaire, qui ne peut exister que par le présupposé d’une transmission de ce qui a été crée, par le présupposé de l’autre.

C’est aussi le besoin désespérement humain de durer. De rester, un peu, au fond poussiéreux des tiroirs ou des bibliothèques, au fond des archives télévisées ou dans une descendance noble et blonde. Et puis le besoin de disséquer, d’ouvrir les cadavres du passé, du sien, de l’Histoire, les cadavres à venir. C’est l’exutoire de son imagination, l’expression de ses psychoses et de ses crimes en puissance. C’est la démultiplication du soi qui n’en reste pas pour autant irrémédiablement intime, voilé, pudique derrière  sa partition textuelle.

 

J'espère vous avoir convaincu(s), lecteur(s). Vous savez à présent ou vous situer, vous êtes dans ma garçonnière, vous me lisez..

 

 

 

           

 




03/12/2011
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