Le corps dans la main

Ecriture automatique

 

 

 

 

 

Et puis, me voilà seule à écrire dans le noir, et les lignes restent droites. Et mes doigts ont envie de s'agiter, mon corps de s'envoler. Que l'imagination m'emporte au delà de ce premier étage. Et comme j'écris, mes doigts enfin s'agitent, et comme je pense, me voilà emportée dans un élan grisant, les nuages s'ouvrent à mes cils, les étoiles passent et défilent au bord de la route que je forge dans l'univers obscur. Je souris de retrouver mes lectures, mes visages et mes paysages dans l'expression la plus automatique de mes rêves. L'écriture automatique dans le noir est une action surprenante. Des glyphes imprononçables que ceux de mon esprit. Mais pourtant ma main connaït le tracé des mots, et je note, je note, de peur de me perdre, de peur de perdre ma substance, celle qui n'existe pas et me maintient en vie. Tout à l'heure je lirais Artaud. Je suis fascinée de l'automatisme de l'orthographe, de l'indépendance de ma main. Dès que je lève l'esprit, elle s'arrête, terrassée par la soudaine révélation du noir. Mécanisme cérébral impresionnant et expérimentable. J'ai encore envie d'écrire, ma main avide piaffe. Mais ma pensée file toujours, trop vite, sans même me laisser quelques miettes valant la peine d'être transcrites. Je voudrais noircir des pages, dans cet état de transe immobile et torpillant, mais à quel sujet? 

On ne peut pas vivre et créer, vivre et imaginer, vivre et écrire avec l'ardente passion nécessaire. La muse prend forme des chiffons graisseux, des rêves ravalés, des désirs contrariés, des cris que l'on étouffe. J'ai peur que ce ne soit qu'un auxilaire, qu'un échappatoire sans mérite ni vertu, sans destin. 

 



29/04/2012
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