Le corps dans la main

Gangs of my mind.

 

 

 

 

J'aurais vécu 17 heures d'extase amoureuse. Enfin, enfin le réel supplée un de mes personnages mentaux, enfin une de mes fantasmagories disparait pour s’incarner en un être pourvu d’une autonomie de pensée et d’actes.

 

Atterrissage en apesanteur.

 

Parce que depuis longtemps ils sont tous là, ils fourmillent d'une virtualité indispensable, mes acteurs fétiches.

 

Un condensé de vie, un condensé de société et de rôles, les différentes instances ont pris une forme et presque un visage, une voix singulière à chacun. Je jongle avec, pour remplacer les mères et les amants que je n'ai pas. C'est jouer à la poupée à l'échelle de sa solitude. C'est exister en autarcie mentale. C'est être endormi dans une salle de cinéma ou vous mettez en scène votre propre roman, à mi-conscience entre vos désirs et vos utopies.

 

L'imagination est la fille de la frustration, elle-même fille de l'introversion, elle-même fille du sensible et la généalogie fataliste s'égrène jusqu'à un mot : essence.  J'ai toujours haït Sartre. 

 

Aujourd'hui je goûte avec ébahissement à un sentiment réel, viscéral, qui ne vient pas de la prodigalité de mon imagination impatiente. L'interaction minimale m'encense. Même la plus risible des niaiseries sentimentales, parcequ'elle me détourne du besoin d'inventer d’autres sources de malheurs, est un miracle occasionnel. Alors j'oublie. J'oublie de manger mais aussi d'y penser. C'est tellement plus simple. Je m’enivre de jeûne et d'un désespoir nouveau. Jamais déséquilibre n'a été si salvateur.

 

Tout d'un coup, plus rien, je ne vois plus, je pleure, je ris, je me sens fondre de fatigue, je me sens emportée par le vent auquel je m'abandonne. Je suis sur le fil. Je chante ma comptine en équilibre sur le bord du trottoir. Petit chaperon rouge qui n'a plus rien à perdre. Elle trottine vers l’infini.

 

_On dirait que tu es la fille la plus triste du monde.

 

_ J'aimerais. 

 

Je m'amuse de moi. Tendresse infinie. Griserie. Naïveté. Etat second. La nuit et ses lumières lointaines exacerbent les sensations. Je vole. Si vivre c'était du funambulisme ?

 

Les prérogatives de la vie réelle m'apparaissent comme dans un rêve, je m'en moque, plus encore qu'avant. J'ai toujours vécu sur un nuage, mais factice. Enfin une douleur légitime. Enfin on m'accorde le rôle d'oisillon maladif évanescent. Contrat signé avec bonheur.




30/10/2011
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