Le corps dans la main

Insula et troubles alimentaires


source : http://www.psychomedia.qc.ca 

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"Une cause à l'anorexie? Anomalie dans la perception du goût et de la faim"

Une récente étude, publiée dans la revue Neuropsychopharmacology, suggère qu'il y aurait, chez les femmes souffrant d'anorexie, une différence dans une partie spécifique du cerveau, l'insula, qui est importante pour reconnaître et apprécier le goût. 

 
 

Parenthèse sur l'insula :  l'insula est un région profonde du cortex, elle est aussi déjà bien associée aux processus de douleur ainsi qu’à plusieurs émotions de base comme la colère, la peur, le dégoût, la joie ou la tristesse. Elle est aussi liée aux processus de dépendance à la nicotine (circuit de récompense) Elle permettrait de cartographier nos états viscéraux associés à des expériences émotionnelles, donnant ainsi naissance à un sentiment conscient. 

L’insula serait donc grandement impliquée dans les désirs conscients, comme la recherche active de nourriture ou de drogue. Ce qu’il y a de commun dans tous ces états, c’est qu’ils affectent le corps entier en profondeur. Un constat qui tend à renforcer son rôle probable dans la représentation que nous nous faisons de notre propre corps ainsi que dans l’aspect subjectif de l’expérience émotionnelle.

L'insula humaine aurait deux innovations évolutives qui lui permettrait de porter la lecture de notre état corporel à un niveau inégalé chez les autres mammifères. D'abord la partie antérieure de l'insula, et plus particulièrement de l'insula de l'hémisphère droit, serait davantage développée chez les humains et les grands singes que chez les autres espèces animales. Ceci permettrait un décodage plus précis de nos états viscéraux, et donc par exemple à une simple mauvaise odeur de devenir un sentiment de dégoût, ou encore au toucher d'une personne aimée de se transformer en sentiment de délice.

L'autre modification majeure à notre insula est la présence d'un type de neurone que l'on retrouve seulement chez les grands singes et l'humain : des grandes cellules nerveuses allongées en forme de cigare appelées VEN. On ne retrouve ce type de neurone que dans l’insula et le cortex cingulaire antérieur. Ces neurones font des connexions avec diverses parties du cerveau, ce qui serait un atout essentiel pour les fonctions supérieures qu’on attribue à ces deux structures cérébrales.

 


L'étude menée avec des femmes s'étant rétablies de l'anorexie suggère qu'il pourrait y avoir des différences dans la façon de traiter l'information reliée à la conscience de soi, donc une implication de l'insula. 
 
Parenthèse question : est-ce que le changement de fonctionnement constaté de l'insula est antérieur ou postérieur aux troubles? c'est à dire est il un facteur aggravateur ou co-déclencheur de l'anorexie ou un état appris, une conséquence?

Dr. Angela Wagner de l' Université de Pittsburgh et Dr. Walter H. Kaye de l'Université de Californie ont mesuré l'activité de certaines parties du cerveau chez 32 femmes, dont 16 ayant souffert d'anorexie et s'étant rétablies, en réaction à un goût plaisant et à un goût neutre. 

Les femmes qui avaient souffert d'anorexie avaient une réponse réduite dans l'insula et d'autres régions du cerveau qui y sont reliées comparativement au groupe de comparaison. 

Ces régions interviennent dans la reconnaissance et l'évaluation du goût (est-il plaisant?). Chez les personnes du groupe de comparaison, il y avait un lien important entre la façon dont elles jugeaient le goût (plaisant ou pas) et l'activité de l'insula. Ce lien n'était pas observé chez celles qui avaient été anorexiques. 

Selon Dr. Kaye, il est possible que les personnes anorexiques aient de la difficulté à reconnaître le goût ou à obtenir le plaisir normalement associé à la nourriture. 

Parce que l'insula contribue également à la régulation des émotions, il se peut que la nourriture soit aversive pour les personnes anorexiques plutôt que plaisante ("rewarding", activant le système dit "de récompense" du cerveau). Cela pourrait expliquer pourquoi elles évitent les aliments "plaisants", ne réussissent pas à répondre de façon appropriée à la faim et sont capables de perdre autant de poids. 

"L'insula et les régions du cerveau qui y sont connectées sont considérées comme jouant un rôle important pour la perception de l'information intéroceptive (perception des sensations des organes internes) qui détermine comment une personne sent la condition physiologique du corps entier", dit Dr. Kaye. 

Cette perception a longtemps été considérée comme importante pour la conscience de soi parce qu'elle contribue au lien entre pensée, humeur et état corporel. 

Ce manque de conscience intéroceptive pourrait contribuer à d'autres symptômes de l'anorexie tels de l'image du corps déformée, le manque de reconnaissance des symptômes de dénutrition et la motivation réduite à changer, selon Dr. Kaye.


10/09/2011
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