Le corps dans la main

Mars 2012

16 mars : Journée mélancolique.

Comme Gainsbourg " je n'ai pas d'idée, j'ai des associations de mots, comme les surréalistes; carence d'idée. Ca cache un vide absolu, je suis sous vide." (Pensées, provocs et autres volutes)

Miroir du vide et de l'indicible. Me voilà sortie du lit, qui pleure à la fenêtre. 

 

La Folie, Artaud, Eluard. Ferré. Cette chaise de Vincent où tu ne t'assied pas. 

Et si la réponse à la folie était dans la philosophie, dans l'écriture, dans le surréalisme plutôt que dans la science absolutiste du cerveau? La science semble frigide et déconnectée. L'errance du subconscient contient peut être plus de réponses. Lazarre. Tous têtus.

La marée de songes frappe le cortex de son ressac. Mais la matière grise reste une matière. La pensée est un gaz volatil, qui condense parfois sur une feuille de papier ou entre deux lèvres, mais pas sur un écran ou des électrodes. 

Un phonographe fané. 

Les anarchistes du quotidien dans leur berceau reniflent, rasés de frais pour compenser tout ce qu'ils savent ne jamais obtenir. Rengaines. Mât de misaine. Mitaines et vent glacé. 

Une symphonie blessante, un chagrin de chair, un chagrin sans réponse. 

 

Peut être me suis-je trompée de route, peut-être l'observation systématique et obstinée fait-elle oublier les questions, peut être n'est-éelle qu'une griserie superficielle qui crisse des désirs, qui polit plus qu'elle ne fore, qui n'est, comme le reste qu'un déguisement pêcheur, un divan, une oeillère. 

Peut-être chez ces poètes aux noms princiers aurias-je trouvé plus de réconfort que dans l'optimisme acharné de la science.

Gautier, Breton, Vian, Brecht.. Peut être touchent-ils à pleine paume ce que nos éminents professeurs effleurent d'un doigt très secondaire, peut être osent-ils plonger leurs mains dans la mélasse de la vie mieux que les autres. Longtemps j'ai cru pouvoir trouver dans le détail la ferveur du tout. L'idée était noble, mais fausse. 

Et l'autobus ouvre ses portes dans un bruit de poumons rauques : un arrêt de plus, puis on reprendra la route. Et au dehors des affiches que l'on ne voit pas : Baudelaire, Rimbaud et Aragon, des publicités aux enzymes qui bluffent sur l'existence. C'est peut-être là l'erreur. Prendre le temps de déchiffrer ces panneaux que l'on méprise, ou dont on se borne à admirer l'esthétisme. Si le progrès technique apportait des réponses, nous aurions déjà eu le loisir de nous en rendre compte. 

Pour un monde en coulisses,pourquoi continuer à regarder la scène que l'on nous montre? La vie c'est le public, c'est le pouilleux taciturne qui investigue les regards, les balcons, les secondes. Mais le temps effrené nous ronge, et nos bateaux modernes creusent à grands cris le lit du fleuve sans laisser à l'esprit le temps de trouver à la poésie et aux songes la légitimité qu'ils méritent.

La quête est sans fin. Le Graal n'est à mon idée qu'une métaphore métaphysique. 

Les pleurs sont les combats titanesques que nous livrons, ici et ailleurs. Les Seigneurs géants de Bohême nous adoubent de leurs plumes. Mais jeunes gens modernes, nous leur rions au nez. Triste bilan. 

Un piano sourd. Chacun pour soi. Des refuges maladroits. Une lande où la vision se perd.

Mais ce piano dans les nuages continue ses arpèges noirs et de son crescendo martelé noius tire dans des ténébres laiteux.

Le compte n'est pas bon. Je veux bien croire en Dieu, s'il me promet des réponses plutôt qu'un Paradis. 

 

 

 

22 mars : En rage. Ils m'ont attaqué sur ma substance, ces hédonistes de malheur. Je voulais provoquer? c'est fait. Je voulais susciter l'admiration? raté. La tolérance? encore raté. Je commence à comprendre pourquoi on prétend que le malheur se vit seul : aucun de vos amis ne peut, sans oser penser qu'il vous suive, vous encourager ou vous être empathique. C'est ta faute. La condamnation à l'incompris peut être glorieuse, mais d'eux et de lui (eh oui, un de plus) elle fait mal. La susceptibilité à de telles critiques s'explique par le fait que c'est mon seul et unique jardin secret précieux, ma seule source de fierté singulière. Alors, oui, j'en crève. Et je lui en veut. Et je me retrouve vide, parceque deux possibilité s'effacent : l'écriture et notre entente. Putain de bordel de merde. 

 

 

 




18/03/2012
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