Le corps dans la main

Novembre 2011

 

12 Novembre : jamais ma vie n'aura été si anarchique. Compte en banque vide, post-it de rappels qui s'accumulent, et délicat desespoir de tout négliger. Je suis une cruche amoureuse. Je prends les chemins au petit bonheur, j'erre sous la lune, je laisse mon bureau devenir une antre gigantique de remords et de tâches non-accomplies. Et j'y prends goût. Non-responsable, nocturne, songeuse, rêveuse, provocatrice délibérée du monde auquel j'ai souhaité appartenir. Paradoxes et non-sens. Je volette. Je veux m'envoler pour de bon.


15 Novembre : Je sens poindre l'attache malsaine, l'évocation déjà du souvenir d'une lente agonie sentimentale. J'aborrhe être un cliché, être un corps vague naïf. Tout ce que je hais.

Mais après tout, il fallait bien un épisode d'amour douloureux-incompris-passionnel-absolu pour tamponner de façon quasi officielle mon passeport de digne romantique. Maintenant, c'est fait.La pauvre touche de modernisme gâche le tableau peut être. Rancoeur et frustration. 

La commisération n'est pas compatible avec la joie de vivre. L'euphorie avec l'ennui. La langueur avec l'indifférence. La crainte avec le nihilisme. L'attente avec la fuite. Pourtant il me semble être un sac dans lequel toutes ces émotions se seraient mêlées, concassées, pulvérisées, fusionnées les unes aux autres perdant toute logique.

Je cours, parle, joue, pour m'échapper, pour échapper au vide sidéral qui m'empêche de vouloir. 

 

  

17 Novembre : rage, rageur, ragez. Gueuler au monde que j'en ai marre, arrêter de sourire, arrêter cette fausseté compulsive, arrêter de me plaindre de façon convenue, mais gueuler! Cycle limite, je me sens vaciller lorsqu'il ne me répond pas, je me sens exploser d'ivresse lorsque nous sommes complices, je me sens ballotée comme une bouée aux vagues de sa présence. C'est insurmontable. Je n'ai jamais su rien surmonter, Mais ça c'est pire que tout. Déferlante de sentiments sur un être qui casse. Mais il n'est pas niable que je ne prenne pas plaisir à la cassure, à la destruction systématique, j'ai trouvé un nouveau jouet : mieux que les mégots sur les avant-bras ou les doigts au fond de la gorge, mieux que l'isolement morbide et la haine de tous, voici l'Amour. Desespoir et hurlements. Sourde omerta, je ne peux en parler à personne. Je m'impatiente, je trépigne, je mange,je jeûne, je mange, mes doigts s'agitent sur la table, pianotent, mon esprit donne des coups de poings, de pieds contre ma boîte crânienne. Non, je ne m'énerve pas. Non, je ne suis pas une enfant pourrie gâtée. Je suis une pauvre despote perverse qui a besoin d'être rassurée, calmée, bercée, aimée et qui en crève, qui se crève en attendant qu'on le voie enfin. Qu'on la voie enfin, elle et son pessimisme gros comme un éléphant à damier.

 

 

24 Novembre : Un androïde, je voudrais être un non-être, atteindre le paroxysme du flou auquel j'appartiens déjà en conscience. l'inaccessible esprit dépourvu de besoins. 

La musique saoule mon weekend mélancolique, le meuble, l'habite, et pourtant même elle semble vaine. Je suis submergée et vide à la fois. Aujourd'hui les émotions retombent, comme des éclats d'obus qui n'en finissent plus de pleuvoir. Lentement elles tournoient dans les airs, je peux les voir, les nommer. En moins de quelques heures j'ai expérimenté le desespoir, l'angoisse, la turpitude, la rancoeur, l'euphorie, le scepticisme, l'appréhension, la résignation, l'espoir fou, la surprise, la jalousie sur ses 2 faces, la honte, la naïveté, l'abandon. Qui suis-je à présent? un être humain normal, une marionette sensitive? faites de moi ce que vous voulez, j'ai décidé de me laisser emporter par le flot, par mes pas, par le hasard. Guidez moi, je vous fais confiance. J'équarquille mes grands yeux de porcelaine, trop acerbes pour ce corps qui ne connait rien..je vous suis.





13/11/2011
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