Le corps dans la main

Tourne 7 fois ta langue dans ta bouche avant de te taire.

 
 
 
 


"Souris à la dame", les dents sont bien rangées, les commissures se soulèvent avec  un dégoût qui se veut avenant. Je crois avoir 6 ans de nouveau.
Ici comme ailleurs on s'offusque pour les pseudos-règles sociales que l'on a érigé pour le genre humain.
Sur toute la ligne, j'ai gaffé, je n'aurais pas du me laisser aller à parler, mais je n'aurais pas non plus du me taire. Je n'aurais pas du dire la vérité mais je croyais pour une fois pouvoir m'affranchir du contrôle incessant de mes moindres gestes et actes. Raté.

Voilà pourquoi je déteste les gens : le comportement qu'on tient, qu'on doit tenir avec eux est une source de remords, de culpabilité et de mal être. Mêmes les gens au masque ouvert, tolérant et chaleureux s'insurgent devant le silence ou les sarcasmes. Ils veulent exercer leur charge de bonhomie, mais en face d'un connard aigre ils sont frustrés de ne pas pouvoir. Personne n'est ouvert à l'antipathie et au silence. Et moi je n'y comprend rien, je fais tout de travers, trop, trop fort..alors j'ai appris ne plus rien faire du tout, à me taire. Visiblement, c'est l'échec. Chez les pires communautés du monde,il faut le sésame de la parole pour bénéficier de la tolérance promise. Contrat social de merde, j'ai rien signé moi.
Je ne dis pas les compliments qu'il faut, je ne me force pas à sourire, parceque ma réserve est hautaine, on me pense méprisante et bizarre. Moi, méprisante? La bonne blague! coment le moucheron le plus médiocre et auto-persuadé de son inefficacité dans sa vie, comment un être qui passe des jours à se lamenter et se haïr peut-il sembler hautain et imbu de lui-même!?
Si aujourd'hui je me tais, c'est que leurs couplets d'acceptation et d'optimisme me foutent la nausée. Pire, c'est mon combat favorit . 

 

Rentrer dans la danse, virevolter entre les gens, ce qui devrait être transparent est complètement opaque. Lorsque j'essaie, je me plante. On m'a asséné le terme "asociale" comme une insulte. La encore, le feu ne prend pas. "Ben quoi? je m'en doutais un peu, et je trouve ça presque flatteur, noble." Justement, si je ne voulais pas rentrer dans la danse? Encore une vieille pensée marginaliste à la con, n'est-ce pas?

 

Je ne les aime pas. Pas vraiment. Eux tous qui à distance me tendent des bras, me promettent du réconfort, du rassasiement intellectuel ou affectif...et qui se révèlent blets, fades, irritants, paresseux, ternes. Tout miroite puis lorsqu'on y goûte donne la gerbe. Sans doute justement parcequ'on l'avait trop attendu, parcequ'on avait tendu les bras, les lèvres depuis trop longtemps. Tout a et aura ce goût de plastique et d'émulsifiant, de promesses non tenues.

 

Laissez moi me taire,laissez moi à mon rythme, laissez moi seule, rien qu'un petit peu. Je dis ça mais je crèverai de désespoir si vous vous éloignez trop. Je ne sais jamais ce que je veux. Ou plutôt je sais trop bien,mais les êtres humains ne sont pas exatement réglables, ça se saurait. Je voudrais évoluer sans départ ni arrivée, entourée d'hotesses aimables et silencieuses, sans faim ni sommeil. Traverser sans qu'on me voie, sans qu'on m'en veuille. La place de l'acariâtre antipathique coommence à peser. Ouais, commence..ce n'est pas celle que j'ai voulu. Les regards lourds ne sont pas ceux que j'attendais. Je sens mon oesophage se nouer sur plusieurs centimètres. Je vais chialer.

Même ça je ne peux pas. Bordel.

Peut-être est-ce qu'ils ont tous raison, je suis un robot sans coeur?

 

 


 

 

 

 

 



11/08/2011
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