Le corps dans la main

Un destin sans issue.

 

 

 

 

L’école de la vie. Apprendre à durer. Apprendre à regarder et à continuer de voir. Ne pas se résigner. Vers où aller ? La vie n’est pas un chemin. Cette métaphore humaine est sans doute l’erreur la plus répandue. Nous ne marchons pas, pour la bonne raison que nous n’avons pas de but. Nous ne sommes pas en mouvement. La vie doit être vue comme la posture debout, comme un arbre, immobile, enraciné, au gré des saisons, oscillant avec les vents, d’avant en arrière, infime. Avec des fleurs qui s’ouvrent, éclosent, exhalent leur parfum, puis meurent, Avec des hivers engourdis, dépourvus de feuilles, en attente de jours meilleurs. Avec des oiseaux qui s’y perchent, y nichent, y donnent quelques coups de becs, quelques caresses d’ailes, puis s’envolent vers d’autres branches. L’être est un arbre, impassible, solennel, impénétrable. C’est autour que la vie se développe. Une telle conception serait beaucoup plus digne, plus rassurante, moins frénétique et engloutissante. Mais, encore une erreur du commun, ce n’est pas celle qui prévaut, on continuer de se représenter la vie comme un embrouillamini caillouteux, mouvant, se déroulant, scindé en branches et en ornières. Et si la véritable méprise n’était pas la forme choisie, mais le simple fait de chercher à se représenter la vie ? Accepter que la vie soit un concept, une idée, une réalité virtuelle. L’existence est un fait, mais le cheminement est pure imagination, rassurante certes, pour trouver une place à la dimension temporelle. Sans chemin, nulle appréhension, nulle expectative, nulle responsabilité de réussite, nul espoir. Car c’est l’espoir et les déceptions inévitables qui pourrissent la contemplativité calme de nos sens.  

 


 

"La solitude n'est pas tragique parce qu'elle est privation de l'autre, mais parce qu'elle est enfermée dans la captivité de son identité, parce qu'elle est matière. Briser l'enchaînement de la matière, c'est briser le définitif de l'hypostase. C'est être dans le temps. La solitude est une absence de temps." Lévinas, le temps et l'autre. 

 



25/03/2012
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