Le corps dans la main

Bienvenue au pavillon 13.

 

 

 

 

 


Je voulais une liposuccion express. Alors j'ai pris un scalpel, j'ai saisi le bourrelet de mes cuisses, je ne sais pas, peut-être que j'espérais voir la graisse jaunâtre s'extirper enfin de mon corps sous la lame du couteau. Peut être juste que je voulais me dire que je n'étais pas si lâche que ça. Voir si je serai capable le moment venu. 

Le sang est fascinant. Qui le croirai si limpide, si clair, coulant sans douleur. Comme les flammes dans la cheminée, comme le ressac de l'océan, c'est de ces spectacles qui apaisent, qui bercent, qui miroitent. Je me sens folle et j'en tire une satisfaction malheureuse. Ma vie entière est une satisfaction mahleureuse. Alors je joue mon rôle : j'écris les stigmates à l'écorchure. J'ai eu peur d'oublier, j'ai eu peur que les desespoirs passées s'effacent, j'ai eu peur de redevenir une souris grise banale. Alors je me suis mis un silice, qui m'entaille les cuisses et me fait angoisser aux repas, me fait avoir peur de grossir, des regards inquisiteurs, des rues et des théâtres. Les cicatrices sont maintenues ouvertes. Le scalpel sur la peau n'est que la concrétisation de ce silice. C'est un peu comme des fleurs sur une tombe...je commémore l'anorexique apeurée que je ne suis plus.

Malsaine. Vénéneuse.

La Mélancolie est une maladie psychiatrique.

 

 


Les blouses hypocrites, les groupes de paroles, les heures de promenade, les lits de sangle, je m'y imagine déjà. Vaut-il mieux être malade insoupçonnée, en élucubration et hésitations mortelles, en honte et en haine, ou accepter le répit mental d'être assistée par une bande de pseudo empathiques ignares et tous-puissants? Les asiles sont des compost ou l'on accélère la putréfaction de ce qui était des êtres humains. L'horreur dans son essence : être nié, être infantilisé, être abruti, avoir sa cervelle étiquettée. 

Je me suis enfuie du pavillon, je suis une aliénée qui cherche à faire croire qu'elle va bien.

Ou alors une gosse gâtée qui cherche à connaître l'humiliation, la dépendance, l'abîme. 

Parceque à deux mètres du bord, rien n'a de saveur, vous continuez tranquillement le chemin stupide de votre destinée. Mais à quelques centimètres du précipice, vous avez le vertige, vos narines se dilatent, vos pupilles sont brillantes, vous inspirez plus fort. Plus on vous crie de revenir au centre, plus vous êtes décidés à retarder le moment d'être raisonnable. Vous rêvez de grandeur. 

Rien qu'un rêve, mais une illusion qui justifie l'existence tyrannique de souffrance que vous vous imposez. Je souffre donc je suis. Je voudrais tout connaître donc je me dissèque, de l'intérieur et de l'extérieur, en théorie puis en pratique. La curiosité et l'égocentrisme font un mauvais ménage,peut être parcequ'ils vont trop bien ensemble.

Je fais partie de ceux qui croient que l'altruisme n'existe pas. 

 



02/10/2011
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