Le corps dans la main

Psychose et création littéraire.

 


 Créativité et troubles psychiatriques


 


à partir de l'étude "AMPHETAMINOMANIE, PSYCHOSE ET CREATION LITTERAIRE"

de Brigitte RIGONI

( A propos de deux romans de Philip Kindred Dick)


 

"De la recherche du plaisir à la compulsion à créer, de l'acte religieux à la compulsion toxicomaniaque s'ouvre un champ immense "

 

 

      


Depuis le début du siècle, des artistes, en particulier les surréalistes, proclament l'inconscient de leur oeuvre, exprimant leur moi-profond .

Les théories psychanalytiques et cognitivistes se sont intéressées au processus de la création afin de mieux comprendre ce mythe du génie.

Freud a élaboré l'idée de continuité entre le jeu, le rêve éveillé et la créativité. La créativité se placerait comme moyen de dépasser les expériences négatives du passé.

 

Parmi les expériences négatives, la perte et le fantasme de réparation seront des sources importantes de créativité. 

Les mécanismes de défense protégeant des sentiments issus de la perte (culpabilité, persécution) forment un système de défense maniaque (déni de la réalité psychique, contrôle omnipotent et régression vers le clivage, l'identification projective, l'idéalisation). En renonçant aux défenses maniaques, l'expérience de la perte engendre le désir de recréer.

Tout créateur construit un monde qui lui est propre, l'oeuvre d'art est un équivalent psychique d'une procréation. Les artistes visent à l'immortalité, leurs objets doivent non seulement être ramenés à la vie mais ils doivent être éternels.

 

Faisons le parallèle avec la conception de la psychose selon laquelle le noyau de la maladie apparaît dans les symptômes déficitaires, comme rupture de la relation du sujet à la réalité, le délire se situant comme tentative de reconstruction de l'univers externe et interne: l'artiste trouve une voie de retour depuis son monde fantasmatique jusqu'à la réalité grâce à ses dons particuliers, il modèle ses fantasmes pour en faire une nouvelle forme de réalité .


S'il est exact qu'un délire en tant qu'expérience insolite, conduit aux arts, il faut que le délire soit surmonté pour rendre l'oeuvre cohérente. Ainsi la compulsion artistique se comprend-elle comme un idéal de maîtrise . Le besoin d'expression est fondamental : besoin de questionner pour dire, exploser comprendre. Le langage symbolique permet de dire de façon voilée donc sécurisante et interrogative .

Ainsi l'écriture prend valeur thérapeutique. Du moment délirant initial, on conserve l'impression,on la pose, se questionne, questionne l'autre.



La rêverie obsédante est le creuset de la créativité .

  

Les conceptions cognitivistes définissent la créativité comme la capacité à agencer de nouvelles combinaisons d'idées anciennes. Une idée créatrice doit être originale, appropriée à la situation et utilisable, ce qui suppose un ancrage dans la réalité .

Selon ce modèle, la création se comprend comme une régression vers les processus cognitifs primaires d'ordre artistique et illogique (rêve, rêverie, psychose, hypnose, hallucination sous produit) et une élaboration secondaire du domaine de la logique et de la réalité.

 

L'effet d'un produit ou d'une névrose peut participer artificiellement à l'accès à un état propice à l'inspiration, cependant, il faut souligner que cela n'aboutit pas toujours à la retranscription des expériences sensibles dans un ensemble cohérent. Il y donc aussi une part de dons aléatoires ou cultivés pour aboutir à une expression relativement esthétique.

 


 

 

 

 

 



14/12/2011
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