Le corps dans la main

Consumérisme

 

 

 

 

Je me consume, ils me consomment. Mes forces s’étiolent et mon cœur lourd dans ma poitrine m’assène le rythme de ses coups.

Je me consume dans leurs visages, sous leurs paupières.

Je me consume aux sons qui passent, dans les pavés, dans les badauds, dans les vitrines. Une bulle de goudron noire,  qui croît et qui éclate. Je me fonds d’un bonheur qui n’existe pas. Des rues, des soirs, des passants,des tramways.

Autour de moi, l’effervescence, et mon cœur tombe dans ma poitrine. La lave épaisse de mon sang, chaude, et la peau blanche qui se consume. Comme un brasier inodore, impalpable, régulier. Mes pas s’enlisent dans mes paupières, hypnose du monde, lourde descente. L’enclume rougit. Mes membres tremblent sous les flammes. Je me sclérose sur le bitume, en poussière noire au fond d’un verre.

Mes sens pulsent dans mes veines, encre visqueuse, chaude et noirâtre..

Un accordéon m'aspire dans son soufflet vorace, et des flamèches s’envolent vers eux.

Je me consume aux notes dites, aux mots joués, aux yeux croisés.Je laisse mes peaux sur le bitume.

Et à chaque coup que mon cœur frappe, il me semble tomber plus haut.

Mes jambes armées dans l’asphalte gris, ma tête gravite. Elle est si loin.Mon ventre martèle des accords flous, des voix, des sons. Elle se déploie sur les trottoirs, coule et méandre comme une liasse.

Je me consume et laisse derrière moi un petit tas de cendres bleues.

Des fleurs rauques traînent sur le sol. Elles sourient, s’effilochent dans l’air tiède. 


 




27/04/2012
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