Le corps dans la main

Huître mutique?

Étude du développement cognitif et de la pensée logique dans l'anorexie mentale.

 

Sans doute à cause de la place du psyché et de la réflexion, de la sission coprs-mental , on a souvent associé les TCA avec une certaine lucidité, une certaine "intelligence" si ce mot a encore en sens. Une sorte de réputation d'avoir de bonnes capacités intellectuelles ; l'intellectualisation, la rationalisation, le perfectionnisme sont en effet marqués dans les TCA. Mais l'anorexique ou la boulimique brillante, appliquée, adulée.. voilà un cliché qui est de plus en plus démenti. Voire, on crie au scandale égalitaire : "non, l'anorexie n'est pas une pathologie d'intello!" . Un coup de plus dans les gencives, mesdemoiselles..

Maintenant, que démontrent les résultats? car on souligne aussi que les performances intellectuelles (mot qui me rebute, mais passons) âtissent elles mêmes de la maladie...

 

Petite étude sur la question...

source : Neuropsychiatrie de l'Enfance et de l'adolescence
Volume 54, numéro 5
pages 289-296 (septembre 2006).


 

Résumé

Les jeunes filles présentant une anorexie mentale se présentent habituellement comme des élèves studieuses, mettant en avant leurs performances scolaires pour éviter les soins que nécessite leur état, en particulier l'hospitalisation. Cependant, leur niveau intellectuel réel est discuté dans la littérature, en tenant compte de leur état de dénutrition, de la dépression éventuellement associée et des aspects psychopathologiques de l'investissement cognitif. Peu d'études ont, en revanche, utilisé les épreuves de pensée logique qui peuvent apporter des informations intéressantes s'agissant d'une pathologie qui a un fort impact sur le développement tant physique que psychique.

 
Population et méthodologie

Cette étude inclut une population de 21 adolescentes et adultes (âge moyen 21 ans) anorexiques hospitalisées dans un service d'endocrinologie. Elles ont toutes été évaluées à l'aide des échelles de Weschler et des échelles de pensée logique.

 
Résultats

Ces patientes anorexiques ont un QI normal (QIG moyen=102). Pour les épreuves de pensée logique, 50% des patientes présentent un retard, 45% présentent une dysharmonie cognitive normale. Si on exclut la patiente la plus jeune (qui a 13,5 ans et qui se situe au stade formel A, normal pour l'âge), une seule patiente atteint le stade formel B pour les trois épreuves utilisées.

 
Conclusions

Les performances intellectuelles mesurées par les tests psychométriques ne différencient pas ces formes graves d'anorexie mentale de la population générale. Mais pour une moitié de cette population, les épreuves de pensée logique révèlent une utilisation persistante d'une forme de pensée concrète, qui montre leurs difficultés d'accession à la pensée abstraite ou formelle de l'adolescence. Nous faisons l'hypothèse d'un lien entre le refus du corps sexué de ces adolescentes et l'immaturité des nouveaux processus de pensée émergeant normalement à l'adolescence, ceux de l'intelligence hypothéticodéductive.

 

 

 

 

 



11/07/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour