Août 2011
2 aout : Décidément ces temps j'écris beaucoup.Là, si je purgeais 20 ans fermes, je grossirais. L'oppression m'ouvre cruellement la porte à la goinfrerie. Comme si c'était une résistance glorieuse, un acte de bravoure, une exégèse de liberté. Si je purgeais 20 ans fermes, ce ne serait pas autrement. Resister à quoi? à moi-même, à la minceur idolâtrée, au bonheur promis? Tu parles d'une bravoure! cheguevaresque ! Dire que je m'ennuie est un bien faible mot...je suis atterrée de mon immobilisme forcé. Je suis dans une camisole de flemme vacancière, d'apologie du bon temps..pitié! Grosse courge, il faut que je me ressaisisse de fond en comble. Les combles sont vides. Le fond est plein, plein d'un sale petit déjeuner que j'ai sournoisement englouti pendant leur sommeil. Je ne sais même plus si j'en suis capable. Ou est-ce que j'ai foutu ce putain de bracelet?
3 aout : Exceptionnellement, ma colère n'est pas tournée contre moi. Enfin,à chacun sa part. Pour l'instant elle est pour eux, eux, qui me tiennent enclose, eux qui m'endorment dans un repos nauséabond, eux qui brisent mes pulsions vivaces, qui ramènent mon exhaltation enfantine au matiériellement possible. (L'heure ou je tape ces mots n'est plus celle ou je les ai écrits, et aujourd'hui, ayant résumé les faits de manière light à d'atres personnes, je m'aperçois que ce n'était pas si intenable, si anormal, mais tant pis, je l'ai écrit, je vous le donne, ça fait partie du jeu.)
4 aout : Gros, gros, gros,leurs mollets, leurs bras, leurs pieds, tout est démoniaque, l'emblème de l'ennemi. Penchés sur l' assiette, rapides,attirant magnétiquement la fourchette à l'orifice, tout devrait être un contre-exemple parfait devant lequel se louer de son abstinence.
Mais ce n'est même pas le cas, mes entrailles ne se soulèvent pas autant que je le voudrais. Lorsque le pain fraichement cuit garni de beurre moite descend dans ma bouche, j'ai l'impression d'une profanation : pas moi, pas ça!! Mais si, mais si... Alors c'est le temps de la énième promesse "je ne déjeune plus" "c'est la dernière fois", etc...
Ces connaissances qui se congratulent, qui se croient fondre, ça me fout en rogne. Au moins j'ai le bon goût de ne pas formuler mes illusions, moi. Bien sur que non, vos énormes chevilles n'ont pas rétréci à vue d'oeil.
19 aout : ils m'ont virée peut être, mais dans mon attitude de rebelle à deux balles, ça me satisfait, ça me conforte. Je l'ai cherché, mais je ne m'en suis pas rendue compte, pour de vrai et sans mauvaise foi. Tant pis, au moins aujourd'hui je vais mieux. Je souris, je parle, je ris sans simuler.
Mais mes cuisses n'ont jamais été si larges. Ma balance me fai horreur, je n'ai sans doute jamais pesé autant. J'enchaine les résolutions avortées, je crise chaque jour, c'est plus facile maintenant.
Si je ne feint pas de me sentir bien, pourquoi, pourquoi? La réponse que je me fait est que oui, l'intérieur est serein, mais l'extérieur afiche et clame la calamité des dernières semaines, donc il faut PERDRE. Mais ça je n'y arrive plus, ça finit toujours pareil : dans les placards. Je pars seule une semaine dans l'espoir de retomber sur la bonne face de la pièce Boulimie-Anorexie. On sait bien quelle face, hmm.
31 aout : aujourd'hui, journée shopping, symbolique de nouveau départ, comme trop souvent. J'ai revu mon style vestimentaire à l'aune de ma forme. Oulà, danger, un pas vers l'acceptation? Non, pas vraiment, vers le confort provisoire, histoire de masquer ma honte exacerbée. Parceque la fonte ne se fait pas tout de suite, et c'est pourtant là, maintenant, aujourd'hui, que je n'en peu plus d'être vue. Même pas d'être regardée, seulement d'être vue, visible, risible. Un regain de confiance, voilà ce que je cherche. Parceque je stagne comme un gros rocher inébranlable, sans tomber ni m'envoler, sans m'échapper ni sourire de tout ça. Sans savoir de quel côté rouler. Alors je ne bouge pas, toute inconfortable que je me trouve, et je me trouve des illusions, des leurres. Cool, j'ai donc refait mon armoire.