Le corps dans la main

Ma nouvelle balance.

  

 

Promesse n° 473

 

Synthèse de la journée : lever,petit dej, préparation d’un gâteau, je commence à racler les plats,verre de lait, tranches de pain, chocolat.. ... et puis c’est midi déjà, repas, café, oh et puis... puisque j’ai si mal commencé, part de cake, au revoir papa, quadruple desserts, crème chantilly, biscuits, wc, je suis éteinte, je sors, clope.

La je me regarde dans la vitre : le chignon défait, un cou mince qui dépasse de la capuche du pull que j’ai enfilé pour cacher mes frissons. Tiens oui, mon cou reste mince malgré les 10 kg que j’ai pris cette année. Heureusement que mes habits d’aujourd’hui masquent avec tact mes cuisses et mon ventre, sinon le reflet dans la vitre à cet instant deviendrait insupportable. La fille que j’y vois à les yeux rouges, le nez un peu gonflé, mais est somme toute jolie, dans sa détresse en jogging. Tiens j’ai même bronzé hier.Image du malheur à la sauce contemporaine, sweat, Camel qui se consume au sortir de la douche. J’aime bien. Je suis une merde mais ça me rassure, j’aime bien.

 

 


Demain je vais cuisiner.Je vais essayer que tout aille bien, je ne sais pas, je vais mâcher de l’ail, des clous de girofle, un truc. Apprendre à vomir, je peux le faire à jeun, c’est encore mieux, surtout que je ne suis pas au point, je n 'aurais jamais pensé que ça serait un apprentissage si difficile.Mais j’y suis prête, je sais trop bien comme j’aime transgresser, éprouver la sensation grisante de bravade ; et quelle plus belle liberté a-t-on que de braver les interdits médicaux, les interdits de la bonne foi et du bon sens ?

Je théorise, mais je ne sais pas si je pratique. Je n’ai jamais su me voir, c’est mon grand regret.Suis-je grosse ? Ais-je été maigrissime ? Suis-je boulimique ? Est-ce vomir ?

  

Bon, ce paragraphe s’intitulait promesse, aussi il faut que je la fasse :

Ma balance change de cap. Ya pas d'excuse.

En dehors des repas, je ne mangerai plus, plus une seule miette car c’est l’appel à la crise interminable.

J’éprouverai la sensation de faim sans en avoir peur. Je ne renonce pas à vomir, je renonce à engloutir. Je quitterai la table en ayant encore faim, puis j’irais m’enfoncer les doigts salvateurs pour me couper l’appétit. Ça n’est pas grave.

Je vais manger en portions minuscules, sans me priver de toucher aux plats.

Je vais cuisiner sans goûter, sans prélever mon obole calorique.

Je vais sourire.

Je vais bluffer.

Je ne serais pas mieux.

Mais ils verront que j’ai la rage au ventre.Parce que putain je l’ai, j’en ai marre de m’entendre discourir, promettre, enclencher et laisser tomber. La première fois, il y a 3 ans, je n’ai rien décidé, tout est venu à moi, je ne me suis rendue compte de rien, je n’ai pas su, j’ai eu de la chance, tout s’est déroulé sans moi. Cette fois ci, c’est actif, et c’est sacrément plus complexe.

Mais je doute pas je ça portera les mêmes fruits. Qu’ils soient empoisonnés je m’en fous, ce n’est pas comme si on vivait en Eden.




14/08/2011
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